Samedi 12 mars, des représentant-e-s de la mairie participaient à une manifestation à Guéret devant l’inspection académique au sujet, d’une part, des fermetures de classes programmées dans une dizaine de communes creusoises à la rentrée prochaine et d’autres part pour dénoncer un manque permanent de postes de remplaçant.es des enseignant.es de nos classes, mais aussi la diminution des postes spécialisés permettant de prendre en charge certains enfants pour des suivis particuliers. Situations qui nous questionnent et nous hérissent depuis plusieurs années.
En effet, Il ne se passe pas une période scolaire sans que nous ne recevions un courriel nous disant que telle matinée ou journée, l’enseignante ne sera pas présente et pas remplacée. Aux parents de se débrouiller vaille que vaille. Et on demanderait donc à la municipalité de pallier l’impéritie de l’Éducation nationale en organisant dans la minute un mode de garde pour au moins une vingtaine d’enfants ! L’Éducation nationale se comporte de manière irresponsable en ne planifiant aucune possibilité de remplacement. Or, de notre côté, quand notre ATSEM par exemple est absente, nous faisons tout pour la remplacer et ne pas laisser l’enseignante seule toute une journée avec 4 niveaux d’âge. On connaît ce type de fonctionnement du « flux tendu » ou « du zéro stock », qu’il s’agisse de personnel ou de matériaux, dans les entreprises et on est abasourdi lorsque l’on comprend qu’en France aujourd’hui ce type de choix s’applique dans des domaines comme la santé, l’éducation, etc…En période de pandémie, il en est de même pour les lits de réanimation à l’hôpital.
Bref, nous avons modestement soutenu nos collègues maires de la communauté de communes Creuse Grand Sud et plus largement de Creuse, à qui, pour certain.es, l’inspection nationale n’a pas daigné répondre, alors que ceux ci ont envoyé plusieurs courriers depuis février. Cette façon d’opposer le silence, de ne pas ouvrir la porte du dialogue, est vraiment un signe de mépris vis à vis des élus, des enseignants, des parents et de leurs enfants. Ce n’est pas parce que quelques centaines de personnes vont venir s’agiter le samedi matin devant les locaux de l’éducation nationale que la situation va changer, nous renvoie t-on dans la figure ! Nous comprenons le désarroi des élus à qui on dit que la classe du village va disparaître. En Creuse, on est sans arrêt sur le fil du rasoir, l’équilibre est très fragile mais combien de kilomètres feront les enfants pour rejoindre une nouvelle école ? Cette politique de déshabiller Paul pour habiller Jacques est aussi source de conflits entre les communes et de création de relations humaines basées sur la compétition plutôt que sur la coopération.
A Creuse Grand Sud, nous offrons une palette de communes qui permettent à des nouveaux arrivants de se projeter dans un territoire, d’y intégrer des activités existantes ou de créer leurs projets. Il y a de l’hyper rural, de la campagne proche d’une petite ville, des bourgs-centres, de la ville. Des personnes issues de la société civile ont travaillé à la rédaction d’un projet de territoire qui aborde des thématiques d’activités (filière laine, forêt, agriculture, patrimoine, environnement, vie associative, culture, innovations sociales et économiques etc..), des visions d’avenir. Avec la création d’un poste de chargé de mission accueil, nous faisons le pari que des familles, des individus vont nous rejoindre, aspirant à une vie à une échelle plus humaine, plus proche de la nature et ce mixage ne peut être que positif.
Mais toute cette politique n’a de sens que si l’État travaille dans la même direction. Le maintien des écoles dans les communes rurales, s’il a un coût économique évident, est un investissement incontournable pour lutter contre la désertification et fait partie de la politique d’attractivité d’un territoire. À quoi sert de dépenser des sommes importantes pour s’efforcer de faire venir de nouveaux habitants, si par ailleurs on détruit un des éléments essentiels de l’accueil – un système d’éducation performant en proximité des habitants ?
Une nouvelle manifestation aura lieu samedi 20 mars à 10h30 place Varillas à Guéret.
Catherine Moulin & Alain Détolle