La fouille archéologique du site antique de Chatain s’est achevée en août 2020. Débutée en 2016, cette dernière a mis au jour un complexe thermal appartenant à une villa romaine. L’ensemble des vestiges observés a été recouvert de géotextile, de sable et de terre afin de leur assurer une protection maximale. La parcelle a ainsi pu être rendue à son usage agricole (prairie) sans que les vestiges ne risquent de dommages.
La rédaction du rapport de fouille est actuellement en cours et l’ensemble du mobilier archéologique recueilli au cours de ces 5 dernières années est petit à petit étudié par des spécialistes. Une fois l’ensemble des études réalisé, ces objets seront stockés dans un dépôt du Service Régional de l’Archéologie Nouvelle Aquitaine (à Limoges).
Cette fouille aura ainsi révélé un établissement thermal accolé à un grand bâtiment rectangulaire dont la majeur partie correspond à une cour enclose et certainement partiellement couverte. Le bâtiment thermal se compose de 8 pièces et reprend les caractéristiques classiques des thermes romains : vestiaire, salle tiède, étuve, salle chaude, salle froide. Les salles chaude et froide disposent chacune de leur bassin, semi-circulaire ou carré. Les trois pièces chaudes ont été identifiées comme tel grâce à la présence d’hypocaustes. Il s’agit d’une construction sur « pilettes » espacées les unes des autres permettant la surélévation du sol des pièces et d’assurer ainsi la circulation de l’air chaud en dessous et ainsi les chauffer. Les pièces disposaient de différents types de décor : enduits peints, stucs ou plaquage en pierre (calcaire). Le mobilier recueilli, et plus particulièrement la céramique, a permis de dater l’occupation de ces vestiges entre le début du Ier siècle après J.-C. et la fin du IIIème siècle. Ce complexe thermal appartient vraisemblablement à un domaine antique (villa) plus vaste. Il n’est en effet pas rare que les thermes soient isolés des bâtiments d’habitation pour prévenir les risques d’incendie.
L’enregistrement de toutes les données archéologiques et notamment l’importante couverture photographique réalisée a permis d’obtenir un modèle 3D de la fouille. Il a été obtenu en réalisant une centaine de photographies des fouilles par drone en respectant un principe de recouvrement d’au moins 50 à 80 % entre deux clichés. Les photographies sont ensuite repositionnées les unes par rapport aux autres à l’aide d’un logiciel de photogrammétrie multi-images (Agisoft Metashape). Celui-ci démarre par une recherche de points communs présents dans chaque photographie pour aligner les prises de vue les unes vis-à-vis des autres et produire un premier nuage de plusieurs centaines de milliers de points. La deuxième étape du traitement consiste à densifier le nuage (plusieurs millions de points). Les points sont ensuite reliés les uns aux autres par des triangles qui forment alors un modèle 3D qu’il ne reste plus qu’à texturer à partir des clichés.
Afin de pouvoir orienter le modèle, le mettre à niveau et à l’échelle, des repères présents sur les photos ont été géo-référencés lors de la fouille. Il est alors possible, non seulement de manipuler le modèle 3D pour le faire tourner, pivoter, changer le point de vue… mais aussi de réaliser des mesures précises, des coupes, produire une image parfaitement verticale du site pour réaliser le plan des vestiges…
Le modèle 3D est donc tout à la fois un document scientifique de travail, d’enregistrement des données archéologiques et de valorisation en offrant une vision unique des vestiges. Le modèle 3D du site de Chatain, réalisé par drone à partir de clichés pris à 90° ou à 60° d’une hauteur d’environ 6 m par rapport au sol permet principalement d’avoir une vue d’ensemble. Certains recoins, petits espaces ou parois verticales qui sont difficilement visibles depuis les airs ou sur trop peu de photographies ressortent avec une précision plus faible et un rendu moins esthétique. Voici le lien qui vous permettra d’accéder au site de Chatain : https://skfb.ly/onpM8
La photogrammétrie, comme la lasergrammétrie (numérisation en 3D par balayage laser) sont des méthodes de l’archéologie de plus en plus mises en œuvre lors des fouilles. Elles peuvent être utilisées à différentes échelles : celle du site entier, celle d’une structure (un mur, un four…) ou celle d’un objet. Celles-ci et les données qu’elles produisent peuvent répondre à plusieurs problématiques qui vont servir à définir la précision que l’on souhaite obtenir donc le nombre de clichés à réaliser. Plus il y aura de photographies à prendre, plus le temps d’acquisition sur le terrain sera long. Le temps de traitement par ordinateur peut ensuite aller de plusieurs heures à plusieurs jours.
A partir du 1er juin, une exposition au musée Marius Vazeilles de Meymac présentera les résultats de plusieurs fouilles archéologiques réalisées sur le plateau de Millevaches dont celle de Chatain. Plusieurs objets issus de la fouille y seront exposés.