Le recensement prévu en 2021 est finalement reporté en 2022. La recherche d’un agent recenseur communal est donc, de ce fait, annulée. En septembre dernier, l’Insee a publié des données actualisées pour la période 2007/2017 qu’il nous a paru intéressant de synthétiser pour vous les présenter.

Analyse comparative de la démographie de Faux la Montagne

Au recensement de 2016 (dernier recensement physique) Faux-la-Montagne comptait 421 habitants ; 55 de plus que dix ans auparavant. L’inversion d’une tendance vieille de plus d’un siècle : en 1901, Faux comptait 1 951 habitants. Nous avons retrouvé le niveau de 1975. Cette augmentation est due essentiellement (95%) au solde migratoire et pour une très faible part au solde naturel. Il est toutefois important de noter que ce solde naturel est redevenu, faiblement, positif après des décennies de déclin.

Une population relativement jeune …

Démographiquement, Faux-la-Montagne ne correspond pas à l’image faite habituellement aux villages de la Creuse. Comme le montre le tableau ci-dessous, Faux-la-Montagne voit non seulement sa population croître beaucoup, mais cette population est plus jeune que celle de la communauté de commune Grand Sud et que celle de la Creuse. Elle est plus proche de la moyenne française, même si elle ne l’atteint pas.

	France	Creuse	Grand Sud	Faux-la-Montagne
Évolution population 2017/2007	+ 5 %	– 4 %	– 7 %	+ 15 %
Âge moyen	41,5 ans	47,5 ans	48 ans	43 ans
Indice de vieillissement	0,85	1,5	1,6	1

L’indice de vieillissement est le rapport entre la population de plus de 65 ans et celle de moins de 20 ans. Si ce rapport est supérieur à 1 c’est qu’il y a plus de « vieux » que de « jeunes » ; s’il est inférieur à 1 c’est qu’il y a plus de « jeunes » que de « vieux ».

… championne de la natalité …

La relative jeunesse de la population de Faux est due à l’importance du groupe des 30-44 ans, tranche d’âge où l’on fait des enfants. L’augmentation de la proportion des 30-44 ans s’explique par deux phénomènes, sinon nouveaux du moins très accentués ces dix dernières années. D’une part, le retour après leurs études des jeunes nés à Faux dans les années 1980-90, ce qui était beaucoup moins le cas des générations précédentes. D’autre part, l’arrivée de célibataires ou de couples, avec ou sans enfants, mais qui en ont rapidement fait ; phénomène ancien (qui avait permis de ralentir le déclin de la commune depuis les années 1970) mais qui s’est beaucoup accentué. Ainsi, à Faux, le taux de natalité est non seulement très nettement supérieur à ceux de Grand Sud et de la Creuse, mais aussi légèrement supérieur à celui de la France.

	France	Creuse	Grand Sud	Faux-la-Montagne
% des 30 à 44 ans	18,8 %	14,6 %	14,8 %	24 %
Taux de natalité	12,2 %	7,4 %	7 %	12,7 %
% des moins de 15 ans	18,1 %	13,5 %	13,1 %	18,6 %
% des plus de 75 ans	9,3 %	15,2 %	15,2 %	10 %

… à fort capital culturel …

L’apport de population est aussi un apport de personnes diplômées. Plus du tiers de la population de Faux est diplômé du supérieur, contre environ un cinquième en Grand Sud ou en Creuse. Cette proportion est même supérieure à la moyenne française.

	France	Creuse	Grand Sud	Faux-la-Montagne
CEP ou aucun diplôme	22,8 %	26,6 %	25,5 %	19,1 %
Brevet des collèges	5,6 %	6,8 %	6,6 %	5,9 %
CAP, BEP ou équivalent	24,8 %	30,5 %	30,7 %	22,5 %
Baccalauréat ou équivalent	16,9 %	17 %	16,8 %	18 %
Bac + 2	10,9 %	8,7 %	8,3 %	11,4 %
Bac + 3 ou 4	8,9 %	6,3 %	7,1 %	11,1 %
Bac + 5 ou plus	10,1 %	4,2 %	5,1 %	12,0 %

… mais à faible revenu …

Cet apport d’une population à fort « capital culturel » pourrait confirmer les analyses de certains géographes de Limoges décelant une « gentrification » (« boboïsation ») de la Montagne limousine. Ce serait oublier que la gentrification se caractérise par une population à fort moyens culturels ET financiers qui chasse une population pauvre de son territoire, notamment par une pression immobilière intenable pour cette dernière. Or, si cette population nouvelle est assez bien diplômée, elle doit être assez désargentée. En effet, le « revenu disponible médian par unité de consommation » (un indice qui reflète le mieux le niveau de vie des ménages) est de 15 820 euros annuels à Faux, 18 090 en Grand Sud, 18 820 en Creuse et plus de 20 000 en France. Quant à l’immobilier, il n’a connu aucune pression à la hausse depuis des décennies, ce qui explique peut-être la structure du logement à Faux qui suit.

… dans un contexte d’emploi sous tension …

Quand on pense emploi, on pense d’abord chômage, et il y en a un peu plus à Faux qu’en Grand Sud, en Creuse et en France. Mais ce taux plus élevé tient probablement à la jeunesse de sa population qui entraîne une population active plus importante ; de ce fait, la population active en emploi est plus importante qu’en Grand Sud , mais moins qu’en Creuse et en France. Cette importance de la population active (occupée ou au chômage) a son pendant dans la proportion plus faible de retraité-e-s à Faux qu’en Grand Sud ou en Creuse, même si elle reste plus élevée que celle de la France.

	France	Creuse	Grand Sud	Faux-la-Montagne
Population active	74 %	73 %	72,6 %	76 %
Population active occupée	63,7 %	63,8 %	62,2 %	62,6 %
Chômeurs	10,3 %	9,2 %	10,4 %	13,4 %
Retraités	6,7 %	11,1 %	10,7 %	8,5 %

… et de logement difficile.

En matière de logements, Faux-la-Montagne se caractérise par un taux exceptionnel de résidences secondaires. Il ne s’agit évidemment pas des résidences secondaires de la Côte d’Azur, du Lubéron, d’Arcachon ou du Touquet. Il faudrait créer la catégorie « maisons de famille » qui rendrait mieux compte de la situation d’une commune qui s’est vidée de sa population pendant un siècle, mais qui a, en partie, conservé par attachement la maison d’origine. Presque aussi exceptionnelle est la faible proportion de logements vacants.

	France	Creuse	Grand Sud	Faux-la-Montagne
Résidences principales	82 %	65 %	62 %	43 %
Résidences secondaires	10 %	20 %	22 %	52 %
Logements vacants	8 %	15 %	16 %	5 %

Analyse réalisée par Christian Vaillant.