Faux la Montagne, Creuse, Limousin

3. Mémoires de Faux-la-Montagne

Les jolies colonies de vacances

Chaque été depuis 1957, s’installait sur le champ de foire, la colonie de vacances de Surgères (Charente-Maritime). En août 1959, le conseil municipal de Faux-la-Montagne, « examinant le bénéfice que la commune peut en retirer pour son commerce local », accepte la demande de l’Amicale Laïque de Surgères de signer une convention « afin que cette colonie se fixe définitivement sur notre commune ». Il est demandé au conseil de bien vouloir louer une partie du champ de foire. La municipalité prend l’engagement de louer pour une durée de 30 ans renouvelable, un terrain contigu à l’école publique, dénommé le champ de foire, parcelle dite « la pépinière ». Cette mise à disposition prévoit la possibilité de faire construire sur ce terrain, les bâtiments nécessaires pour assurer le fonctionnement de la colonie et y stocker son matériel pendant la période de fermeture. La location est consentie moyennant le versement d’une somme annuelle de 6 000 anciens francs. Accessoirement à la location, la municipalité est d’accord pour mettre gratuitement à disposition de l’amicale laïque, les locaux de l’école publique qui pourraient lui être nécessaire, notamment les installations sanitaires, douches, réfectoires, salle des fêtes, champ de foire pendant les grandes vacances d’été. La colonie de Surgères viendra jusqu’en 1973.

Peu de temps après, à l’été 1963, débute la location de l’ancienne école du Bon Martin avec l’accueil de la colonie de vacances de Saint-Germain-le-Gaillard dans la Manche. En 1964, afin de conserver la colonie et augmenter la valeur locative des bâtiments, le conseil accepte de louer l’école désaffectée du Bon Martin et ses dépendances à la Fédération des Œuvres Laïques de la Manche, section UFOVAL pour une période de 18 années au prix de 1000 anciens francs par an. Les conseillers voient l’avantage pour la commune de cet accueil estival et les répercussions sur l’économie locale. Suite à un résultat défavorable de l’analyse de l’eau signalé par le directeur de la colonie, la municipalité délibère en urgence le 15 juin 1963 pour creuser un puits qui sera alimenté par une source située à proximité. Dans une autre délibération sont prévus le captage d’une source et des travaux en régie d’alimentation en eau des bâtiments municipaux et des bâtiments du village par le biais d’une pompe électrique.

Dans les deux cas, Il est stipulé que les locataires occupent les locaux en « bon père de famille », assurent la réparation des dégâts qui interviendraient dans les locaux, prennent en charge l’assurance, l’eau et l’électricité. En 1972, une délibération fait état de la nécessité d’un recadrage concernant l’utilisation des locaux communaux par la colonie de Surgères. Il est précisé que les douches doivent être utilisées entre 15h et 18h car après, le créneau 18h à 20h est réservé aux habitant-es et que cette jouissance doit se faire avec des concessions mutuelles ! Quelques exemples illustrent ces propos : les logements des instituteurs étant situés au 1er étage, la salle de réunion réservée aux moniteurs ne doit pas être celle située sous la chambre à coucher des instituteurs et la colonie doit laisser le libre passage à la mairie située alors au 1er étage et par conséquent ne pas encombrer le couloir de marmites ! Il est aussi prévu de rechercher un responsable de la salle des fêtes afin d’éviter que tout tapage soit fait les soirs en dehors des 2 ou 3 bals de l’été !

Le bâtiment construit par l’Amicale Laïque de Surgères pour stocker leur matériel est un préfabriqué sensé être démontable. Les enfants, eux, dormaient sous des tentes marabout sur le champ de foire. La colonie ayant cessé de venir après l’été 1973, le conseil, en 1975, dans un premier temps propose de racheter tous les matériaux « très utiles » (portes, fenêtres, planchers, matériaux de couverture, sanitaires) en vue de les réutiliser. Finalement, sur les conseils « des hommes de l’art, architectes, entrepreneurs » à qui le maire Monsieur Salagnat a fait visiter les lieux, « ces personnes lui ont vivement déconseillé de récupérer uniquement les matériaux, mais de conserver ce bâtiment dans l’état où il se trouve ». Le rachat non pas du matériel mais du bâtiment est donc décidé pour un montant de 17 500 anciens francs payable en 6 versements. Il est prévu d’y installer « des moyens de chauffages (cheminées par exemple) et des cloisons pour le proposer à la location ». Deux logements locatifs seront créés et loués en 1976 pour le premier et en 1977 pour le second.

Début juillet, Françoise Pesché est revenue sur les lieux de ses vacances estivales. Elle nous livre quelques souvenirs d’enfance. Il y a quelques années, une autre personne ayant participé à la colo nous a envoyé des photographies de cette époque.

« Mon grand bonheur de petite fille de 1957 à 1962 était de partir en colonies de vacances au beau milieu de la Creuse, dans le village de Faux-la-Montagne !!! Quel dépaysement pour moi qui venait d’une Île de l’Atlantique !!! Mais quel régal !!! Mes souvenirs restent intacts. Les cueillettes de myrtilles et de fraises des bois, que nous portions aux cuisinières qui nous faisaient de magnifiques tartes !!! Mes escapades hors de la colonie (sans autorisation) pour aller dire bonjour à cette dame qui tenait une épicerie ou un bar* à 2 pas, et à un petit garçon prénommé Michel**… Les promenades en chantant, les kermesses organisées sur le camp !!! Les réveils en fanfare avec « Kalinka ». Le retour en fin de séjour était toujours accompagné de chaudes larmes, tout en chantant « ce n’est qu’un au-revoir »… Et vivement l’année prochaine !!! Merci de m’avoir donné de votre temps et montré des photos de l’époque lors de mon pèlerinage à Faux-la-Montagne début juillet 2022 qui n’a que renforcé mes souvenirs. » Françoise Pesché

*D’après la localisation, il s’agirait de l’épicerie Lissandre au rez-de chaussée de l’immeuble aussi nommé l’annexe Constanty.

**Le « petit Michel » était Michel Panteix dont la famille habitait au dessus de l’épicerie Lissandre.

Nos très sincères remerciements à Brigitte Renard-Charpentier qui nous a donné les photos des années 1968 à 1970 qui lui avaient été transmises par deux anciens moniteur et une monitrice de la colo.

Si vous avez d’autres photographies, des anecdotes à partager sur les deux colonies accueillies par la commune dans les années 60, n’hésitez pas à nous les communiquer afin d’enrichir cet article.