Faux la Montagne, Creuse, Limousin

L’église Saint Étienne

Entre 2010 et 2018, l’ Église Saint-Étienne de Faux-la-Montagne dans le sud creusois s’est refait une beauté. L’extérieur de l’édifice du 12ème siècle a été entièrement restauré en 2010 lors d’une première phase. En 2016, différents corps de métiers se sont attaqués à l’intérieur, certains s’occupant des enduits, d’autres des vitraux du 19ème siècle, pour que l’église très abîmée par le temps retrouve toute sa splendeur.

Reportage de France 3 Limousin

Un peu d’histoire :

Quand on arrive à Faux par la départementale 992 qui traverse le bourg depuis Eymoutiers jusqu’à Felletin, on est frappé par l’élégance de l’église Saint Etienne, due à son clocher mur si caractéristique. L’église est située au centre de la localité, elle jouxte la place de la Fontaine et le monument aux morts. Il y a quelques années, ses pierres et son clocher étaient mangés par les lichens, la mousse recouvrait de larges pans des murs et n’avait jusqu’alors offert aux habitants de la commune qu’une perspective rude et austère, un granite que l’on pensait éternellement gris. Notre église, nous l’avons redécouverte suite à sa première restauration en 2010 qui a fait apparaître sa maçonnerie de granite rose telle qu’avaient pu l’admirer les paroissiens du 12e siècle : ce fut une véritable renaissance huit siècles après son édification !!

L’église de Faux est dédiée à Saint Etienne, 1er martyr de la chrétienté, fut à l’origine du culte des saints. Il meurt lapidé. Les historiens mentionnent que le cimetière qui, à l’origine, jouxtait l’église fut béni par Humbauld évêque de Limoges de 1086 à 1095 ce qui ne veut pas dire que l’église actuelle date du 11e siècle, elle est plus communément rattachée au 12e siècle et au 13e. Louis d’Aubusson, Chevalier de St jean de Jérusalem, Commandeur de Charrières et Gentioux, y fonda une vicairie avec un chapelain pour la desservir en 1468.

EXTÉRIEUR

L’église, selon la tradition, est orientée chœur face à l’est, c’est-à-dire Jérusalem ville sainte de la chrétienté.

Le clocher est un clocher mur à pignon triangulaire pourvu de deux arcades. Il s’élève sur la façade ouest où s’ouvre une petite porte en plein cintre moulurée de gorges. Lors des opérations de restauration, il a fallu injecter des tonnes de coulis à base de chaux au sein de la structure. En effet, contrairement à l’impression massive qu’elle donne, les murs de l’église sont creux, emplis à l’origine de terre sablonneuse. Sous l’effet de la détérioration des joints, le contenu a été siphonné par l’humidité fragilisant ainsi l’ouvrage. Les injections de coulis de chaux remplacent donc la terre manquante.

Dans le clocher, deux cloches ! La plus importante, fondue en 1749 s’appelle Anne Thérèse du nom de ses deux marraines. Les inscriptions qui ornent cette cloche font référence aux notables de la seigneurie de La Feuillade : Le lieutenant du comte de la Feuillade, receveur du comte… La plus petite a été installée en 1889. Elle se nomme Pierre-Louise prénom de ses parrain et marraine.

Un portail ouvert côté nord offre des boudins et des colonettes à chapiteaux formant frise.

L’extérieur présente des modillons de corniches sculptées : (Le modillon roman est un bloc de pierre sculpté finement ou grossièrement, placé sous les corniches, et l’illusion d’optique pourrait même nous faire croire qu’il les supporte.)

L’examen attentif fait ressortir des têtes d’animaux dans la plupart des cas mais les artisans de l’époque ont voulu nous rappeler que la paillardise pouvait animer certains d’entre eux puisqu’une sculpture érotique plus que suggestive, quoique discrète, agrémente le côté nord est. Cet aspect plus que surprenant l’est moins lorsqu’on sait que les artisans de l’époque aimaient laisser trace de leur passage en sculptant un motif totalement décalé par rapport à l’œuvre principale !!!

D’autres disent qu’il ne s’agit que d’une paire de fesses, symbole du savoir qui doit rentrer à coups de pieds dans le… derrière, pédagogie de l’époque à l’intention des apprentis…

Allez-savoir et retenez ce qui vous plaît !

Au fil des siècles, la commune de Faux a vécu en étroite symbiose avec son église. Les interventions de conservation lourdes semblent avoir eu lieu tous les 120 ans en moyenne. Il subsiste quelques épisodes écrits du 19 e siècle au cours duquel le cimetière qui entourait l’église fut déplacé. Pour être transformé en place publique… cet évènement donna lieu à échanges de courriers administratifs en 1834 avec le préfet, le Ministre de la Justice et des Cultes, le ministre de l’intérieur, sur le point de savoir si la commune pouvait disposer des vieilles pierres tombales pour en employer le produit aux travaux de nivellement de la place. Le Ministre des cultes opposa un refus et exprima le désir qu’elles soient, pour celles d’entre elles non réclamées, intercalées dans le pavé de l’église pour « empêcher qu’elles ne soient livrées à des transformations qui blesseraient les convenances »…

Merci à Jean François Faissat qui a réuni la matière pour qu’existe cette présentation de L’Église Saint Etienne.

INTERIEUR :

Le patronage de cette église appartenait au chapitre cathédral de Limoges. L’édifice est composé d’une nef à chevet plat avec deux petites chapelles ajoutées.

Les murs peuvent dater du 13e ou du 16e siècle, mais les voûtes et le fenestrage oriental sont des 15e et 16e siècle. On y remarque des corbeaux sculptés de masques. La chapelle sud a été construite au 19e siècle sur l’emplacement d’une chapelle démolie.

L’église a au sommet de sa voute et sur les façades de l’est et de l’ouest la croix de malte qui est également le blason des De La Feuillade dont le nom est intimement mêlé à celui des d’Aubusson. Elle comprend quatre travées dont la dernière forme chœur. Les voûtes retombent sur des colonnes à chapiteaux polygonaux ornés de petites têtes, de fleurs de lys et autres motifs et sur des culots à l’extrémité ouest de la première travée ainsi que sur le fond du chœur

L’autel tabernacle est situé dans le chœur. Il date de la deuxième moitié du 17 ème siècle. Il est de facture naïve et très colorée : bleu, vert, rouge, doré. La porte du tabernacle est ornée d’une sculpture du Bon Pasteur qui porte une brebis sur son dos.

De part et d’autre du tabernacle, des sculptures en bas relief naïves représentent la passion du Christ : le couronnement d’épines, l’agonie au jardin des oliviers, Jésus portant sa croix, la flagellation. Et sur le socle, d’une part un bas relief en feuilles d’acanthes et des cascades de fleurs aux couleurs vives et d’autre part, des têtes d’angelots qui supportaient différentes statues aujourd’hui disparues. Cet autel a en effet malheureusement subi des outrages : en 1992 après sa restauration, plusieurs statues de Saint Roch, Léonard, Pierre et de la vierge, ainsi que deux cariatides, ont été arrachées et volées.

La chapelle nord (XVe siècle), petite et basse, a une voûte à liernes dont la clef porte les armes des d’Aubusson-La Feuillade. Les nervures, de même profil que celles de la nef, sauf les liernes qui finissent en méplat, retombent sur des culots. Dans le mur nord est creusée une piscine à accolade.

La chapelle sud (XIX e siècle) est construite sur l’emplacement d’une chapelle démolie ayant fait l’objet d’une consolidation autorisée au 18e siècle par acte du 9 septembre 1777 du seigneur Pierre Arnaud, Vicomte d’Aubusson, comte de la Feuillade, premier baron de la Marche. L’arcade de communication avec cette chapelle reste visible dans le mur.

Les perspectives de la restauration intérieure :

On retrouve dans les archives des écrits qui montrent que la municipalité a été régulièrement confrontée aux difficultés d’entretien du bâtiment. Certaines fois même il y a eu urgence à intervenir!

Je vous cite une lettre du maire de Faux qui écrit le 11 juin 1868 au sous-préfet :

« L’église de Faux tombe littéralement en ruine et, si on ne prend des précautions immédiates, on aura peut être à déplorer quelque grave accident »… Une autre lettre adressée au ministre des Cultes en 1876 : « Si l’on y avise immédiatement, les plus graves accidents sont à redouter. En effet, le toit usé par le temps et les intempéries des saisons n’offre plus aucun obstacle à la pluie qui tombe à flots sur la voûte de l’église et dans l’église elle-même qui, à certains jours, est littéralement inondée. De là, trouble pour les offices de l’église et danger imminent pour les fidèles, surtout dans nos pays de montagnes où la pluie, le vent, la neige viennent nous visiter si souvent »….

L’association de Sauvegarde de l’église Saint Étienne de Faux-la-Montagne :

En 2005 a été créée l’Association de Sauvegarde de l’église St Étienne de Faux la Montagne qui soucieuse de protéger le seul patrimoine inscrit de la commune décida de collecter des fonds en synergie avec la Municipalité et la Fondation du Patrimoine. L’action commune a comporté deux tranches de travaux : la réhabilitation extérieure puis la réfection intérieure. Les travaux extérieurs donnèrent lieu à inauguration le 19 juin 2010. Le chantier de restauration intérieure fut inauguré le 3 août 2018. Le bureau et les membres de l’ association de Sauvegarde de l’église, sous l’impulsion de Nicole Bachellerie, Jean-François Faissat et Jean-Paul Plazanet, ont réussi à collecter près de 150 000 € de dons pour la restauration de l’édifice grâce à l’organisation d’évènements culturels (concerts, spectacles), de vide-greniers etc… mobilisant leurs énergies sur une période de plus de 10 ans. Qu’ils et elles en soient sincèrement remercié-e-s.

Ces restaurations ont été possibles grâce au soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, du Conseil Départemental de la Creuse, de la réserve des Parlementaires de la Creuse, de la Fondation du Patrimoine, de la Fondation Bettencourt-Schueller, de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français, de la Fondation des Monuments Historiques, du Mécénat de l’association Crédit Agricole Centre France et de l’association de Sauvegarde de l’Église St Étienne de Faux la Montagne.